Si tu skates depuis les années 2000, les chances sont infimes pour que tu ne sois pas tombé sur une des boards designées par Mark « Fos » Foster. L’illustrateur originaire de Lancashire, au Royaume-Uni a créé un nombre affolant de graphismes depuis 20 ans pour Deathwish, Toy Machine, Heroin (sa propre marque) et bien d’autres.
Il a clairement trouvé sa place dans le Hall of Fame des plus grands illustrateurs de skate et il me tardait de lui demander comment il en est arrivé là, les galères et satisfactions, ce qui l’anime aujourd’hui et son travail de DA d’Heroin Skateboards !
Hello Fos, je suis vraiment honoré de t’avoir ici ! Avant de faire des centaines de graphismes de skate, tu commences par étudier le design à Londres. C’est un truc qui t’a attiré avant l’art ?
J’ai des carnets de croquis que ma mère a gardé de quand j’avais quatre ou cinq ans. Mon père était un artiste, donc c’est quelque chose qui m’a toujours attiré. Mon père m’a dit de devenir plombier ou électricien, il savait que c’est difficile de gagner sa vie en tant qu’artiste, mais je ne voulais pas faire ces choses-là à l’époque, la seule chose que je voulais vraiment faire c’est de l’art, et je n’étais pas sûr de savoir quoi, le design, l’illustration, la peinture, quelque chose qui a du sens et j’ai fini par faire des graphismes de skateboard.
Pendant que j’étais là-bas, mon bail a expiré, donc je n’avais nulle part où vivre, et derrière ma petite amie de l’époque a rompu avec moi.
Après tes études, tu commences la vente chez Slam City Skates à Londres ? C’est comment à l’époque ? J’imagine qu’il n’y a alors qu’un seul shop ? Slam City Skates a aujourd’hui 3 skateshops à Londres et un site e-commerce qui vend plus de 300 marques de skate.
J’ai travaillé dans le magasin quelques fois, mais c’était surtout pour couvrir les moments où mes amis ne pouvaient pas venir travailler, mon travail à plein temps chez Slam était dans l’entrepôt. J’avais terminé l’université et je n’étais pas sûr de ce que je voulais faire. Un jour, je travaillais dans la boutique de Slam et un appel est arrivé de l’entrepôt pour demander si quelqu’un voulait venir prendre un tas de chaussures DVS dans un camion, alors j’ai dit oui.
Tu prends tout de suite plaisir dans la vente ou tu vois alors ça que comme un job alimentaire ? Ton job consiste en quoi chez Slam City ?
J’ai commencé par enlever les shoes d’un camion, puis j’ai fini par devenir directeur des ventes et j’y ai travaillé pendant 5 ans. J’ai bien ri et j’ai beaucoup appris sur l’industrie du skateboard.
En parallèle de ce taff, tu lances Heroin Skateboards en 1998 (car le skate c’est ton Heroin), pourquoi ?
Un jour, je me suis cassé le poignet en skate et j’ai fini à l’hôpital. J’ai passé quatre jours allongée dans un lit en attendant qu’on m’y mette des broches pour une opération. Pendant que j’étais là-bas, mon bail a expiré, donc je n’avais nulle part où vivre, et puis ma petite amie de l’époque a rompu avec moi et j’ai décidé « Et puis merde, je vais monter une marque de skateboard, je vais l’appeler Heroin ».
D’ailleurs, ton tout premier graphisme de skate est fait pour Heroin ou tu en avais déjà fait avant ? Il ressemble à quoi ?
J’avais fait une série pour Toy Machine quelques mois auparavant.
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Après quelques années chez Altamont Apparel, tu décolles en 2011 pour L.A. Qu’est-ce qui t’as décidé à quitter Londres pour Los Angeles ? Ça s’est fait facilement ou ce fut un long processus ?
Ils voulaient que je m’installe aux États-Unis en 2006, lorsque nous avons créé Altamont. Mais je pense que je n’étais pas prêt à l’époque. J’ai voyagé un peu à L.A. au cours des années suivantes et ma petite amie de l’époque et moi avons rompu en 2010, alors je me suis dit pourquoi ne pas essayer L.A. J’aime beaucoup L.A. J’avais eu 38 ans de pluie à Manchester et puis à Londres, alors je me suis dit que si je ne m’installais pas à L.A. alors que j’en avais l’occasion, je n’y déménagerais peut-être jamais.
Altamont a obtenu mon visa de travail, et puis deux semaines après avoir déménagé à L.A. pour travailler pour eux, j’ai rencontré la fille avec laquelle je suis marié depuis maintenant sept ans.
Tout ce que je dessine ressemble à une planche Heroin, si tu regardes dans mes carnets de croquis, il est assez facile de voir la direction créative de la marque à travers ceux-ci.
Toy Machine, Real, Foundation, Zero, Black Label, Creature, Baker, Deathwish, Primitive, Element, tu as réalisé des graphismes pour plus de la moitié de l’industrie du skateboard ! As-tu une idée du nombre de graphismes de skateboard que tu as réalisés depuis le début ?
Aucune idée, il doit y en avoir deux cents. Il y a quelque temps, j’ai essayé de faire un livre, avec mes 100 graphismes de skate préférés, mais d’autres projets sont apparus et c’est un peu en attente. J’en fais beaucoup parce que j’ai dirigé une marque appelée Landscape au Royaume-Uni pendant un certain temps, donc j’ai fait beaucoup de ces graphismes, et puis Heroin évidemment, 22 ans plus tard, donc ça fait quelques centaines.
Tu en sors combien chaque année pour Heroin ? D’ailleurs, est-ce que tu te donnes une direction artistique bien précise pour Heroin ou tu le fais tout naturellement ?
Tout ce que je dessine ressemble à une planche Heroin, si tu regardes dans mes carnets de croquis, il est assez facile de voir la direction créative de la marque à travers ceux-ci. On a 4 saisons par an, et je dois faire 8 à 10 planches par saison. Bien sûr, il m’arrive de faire travailler d’autres artistes sur les planches, c’est souvent les cinq ou six gars dont le travail me semble correspondre à la direction de la marque. J’ai tendance à ne faire qu’une planche à la fois, et à voir où cela mène. C’est une procédure assez organique.
Ton temps de travail se répartit de quelle manière entre ton travail de Freelance et Heroin ?
Tous les 90 jours pour Heroin, j’ai une date limite pour l’art et le catalogue, donc je m’en occupe un peu pendant ce temps, et ensuite j’ai une semaine ou deux pour travailler sur Heroin. Le reste du temps, je travaille sur divers projets qui arrivent.
Est-ce que tu as un processus bien construit pour lancer une nouvelle série ?
Grâce aux Baker Boys, j’en ai un. Ils ont toutes leurs deadlines en place, donc je sais quand tout est dû et je fais ce truc depuis un moment maintenant, donc je sais comment le faire. Je fais les posts Instagram, les pages du catalogue des sites Baker Boys et Heroin UK, une bannière Facebook et un post. C’est vraiment tout.
Tu as encore des marques avec qui tu adorerais collaborer ? C’est quoi d’ailleurs tes rêves/buts en ce moment ?
Je pensais que ce serait génial de faire une shoe avec Airwalk, alors je leur ai écrit et je n’ai jamais eu de nouvelles. J’avais beaucoup de ces vieilles shoes des années 80 quand j’ai commencé à skater. Enfin bon. J’ai l’impression qu’on l’a assassiné quand on a dû faire la collab Texas Chainsaw Massacre (Massacre à la tronçonneuse), donc tout ce qu’on va faire doit résister à ça. Nous avons une super collab qui va sortir ce printemps avec l’un de mes dessinateurs de BD préférés.
Est-ce que tu skates toujours régulièrement ?
J’ai skaté au parc Garvanza tous les jours jusqu’à ce que Covid frappe. J’ai des gens dont le système immunitaire est compromis dans ma famille élargie ici, donc je ne peux vraiment pas prendre de risques avec cette merde de Covid. J’ai skaté quelques jours la semaine dernière.
Tu préfères :
PIÈCES UNIQUES OU PRODUCTION DE MASSE : Les deux ont une place. Nous avons récemment fabriqué 500 peluches Egg. C’était amusant. L’échantillon m’a coûté 150 dollars et j’ai utilisé une photo de celui-ci pour un graphisme de skate au cas où nous ne pourrions pas les produire en masse. Mais nous avons fini par le faire et les produits ont été vendus !
FEUILLE DE PAPIER OU TABLETTE GRAPHIQUE : Du papier à chaque fois !!! Je suis de la vieille école.
SKATE & CREATE OU SKATE & DESTROY: Un peu des deux, tant que tu skates. On a presque l’impression de ne pas pouvoir faire l’un sans l’autre, c’est le YinYang
CE QUI TE BOOSTE : Café, Comics, Tom Waits records, le skate.
CE QUI TE RALENTI : Le voyage jusqu’à ma cabine me ralentit de façon positive. Débrancher le téléphone et les conneries. Marcher dans la forêt.
TRICK PRÉFÉRÉ : Layback frontside rocks.
SKATER PRÉFÉRÉ : Eric Dressen
Merci beaucoup pour toutes ces réponses !
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Merci à ABS de nous sponsoriser. ABS, c’est trois skateshops à Lyon, Annecy and Grenoble.
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